16 February 2023

Coalition Statement at Cameroon CCM Universalization Meeting

CCM Universalization Meeting Yaounde 2 2023ISUCCM (1)

Delegates at Convention on Cluster Munitions universalization meeting, 15-16 February in Yaounde, Cameroon. Photo©ISUCCM

Cluster Munition Coalition Statement on Universalization – Convention on Cluster Munitions Francophone Africa Workshop February2023

Delivered by Sarani Diatta, Solidarity Initiative for Development Action, Senegal

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 Déclaration de la Coalition sur les armes à sous-munitions sur l'universalisation

Atelier de la Convention sur les armes à sous-munitions en Afrique francophone

16 février 2023

Intervention de Sarani Diatta, L’Initiative Solidaire des Actions de Développement, Sénégal

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Merci, Monsieur le Président,

Et merci à la Suisse, au Royaume-Uni, et aux aimables bureaux des gouvernements du Cameroun et de l'Irak pour avoir rendu possible cette importante rencontre.

Je m'exprime aujourd'hui au nom de la Coalition sur les armes à sous-munitions, dont mon organisation, l'Initiative de solidarité pour le développement africain (ISAD), est un membre actif.

En tant que survivant d'une arme aveugle, je suis consterné par l'utilisation massive d'armes à sous-munitions à laquelle nous avons assisté l'année dernière en Ukraine, ainsi que par le terrible héritage de l'utilisation des armes à sous-munitions en Irak, au Laos, en Syrie, et dans la vingtaine d’autres pays et territoires contaminés.

Au cours de l'année écoulée, la communauté internationale a fermement condamné l'utilisation d'armes à sous-munitions par tout acteur et en toute circonstance, et a appelé à un arrêt immédiat de toute utilisation de cette arme interdite. Cela témoigne de la force et de la pertinence de la Convention sur les armes à sous-munitions.

Les événements qui se déroulent aujourd'hui en Europe illustrent le fait que l'adoption de la Convention sur les armes à sous-munitions est essentielle pour promouvoir les normes humanitaires internationales et protéger les populations civiles partout dans le monde.

C'est tout aussi vrai en Afrique qu'ailleurs et l'universalisation de la convention devrait être plus que jamais une priorité absolue pour les gouvernements africains. L'utilisation des armes à sous-munitions par quiconque, où que ce soit, et en toutes circonstances, est une menace pour nous tous. Chaque arme à sous-munitions non produite, chaque stock détruit et chaque reste de ces armes enlevé ne pourront jamais tuer ou mutiler un autre enfant, une autre sœur, un autre fils, un autre voisin. Parce que, dans leur grande majorité, ce sont les victimes de ces armes inhumaines.

Quarante-trois États africains ont signé la convention interdisant cette arme aveugle qui tue et mutile les civils au moment de l'impact et pendant des années après. Le Cameroun, fait partie de ceux-là, en ayant ratifié la convention en 2012 et adopté une législation nationale promouvant les objectifs de la convention en 2016. Près de 20 pays en Afrique francophone, dont mon propre pays, le Sénégal, ont ratifié ou signé la convention ! Nous saluons cet engagement en faveur de la protection des civils, et nous exhortons tous les États africains à suivre cet exemple.

À ce jour, il reste neuf États africains—dont trois en Afrique francophone—qui n'ont pas encore ratifié le traité. Nous pouvons et devons faire mieux.

L'initiative prise l'année dernière par le gouvernement du Nigeria pour encourager les États non parties à la convention d’y adhérer aujourd'hui est un exemple des mesures nécessaires pour protéger et promouvoir les objectifs de la convention. Nous sommes impatients de voir le suivi des déclarations faites l'année dernière par le Nigéria et le Libéria, selon lesquelles des mesures immédiates pour ratifier la convention seraient en cours, ce qui signifierait que toute l'Afrique occidentale ferait partie de la famille des nations engagées pour l’élimination des souffrances causées par les armes à sous-munitions.

L'impact généralisé de la contamination par les armes à sous-munitions prive les communautés affectées de leur droit à la vie et de moyens de subsistance, et cela pour des générations entières.

Au Sénégal—et particulièrement en Casamance, dans la partie sud du pays—l’ampleur de la catastrophe humaine, économique, sociale, et environnementale causée par les mines antipersonnel était si dévastatrices qu’elle a très tôt engendré chez les victimes une forte volonté de s’organiser pour leur résilience, leur survie et leur autonomisation. Les mines tout comme les restes d’armes à sous-munitions, sont des armes non-discriminantes et représentent la même menace pour les populations civiles pour des décennies.

En Casamance, les victimes se sont progressivement regroupées au sein de l’Association Sénégalaise des victimes de mine (ASVM), maintenant devenue l’ISAD, et encadrées par des organisations humanitaires nationales et internationales ont commencé à dérouler des actions de sensibilisation. Cela s’est notamment traduit par des activités d’éducation aux risques des mines au sein des communautés des zones affectée ou dans les écoles, afin d’arrêter ou sinon de limiter la fréquentation des zones à risque.

Concomitamment avec les activités de sensibilisation auprès des communautés, l’ASVM a entrepris une vaste campagne de plaidoyer. Ces activités ont été réalisées auprès des décideurs étatiques, auprès du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), auprès des organisations de la société civile et des organisations internationales humanitaires, pour demander ensemble le déminage des zones contaminées et ainsi favoriser le retour des populations déplacées et la reprise des activités économiques.

Dans le sillage de l’ASVM, l’ISAD a ensuite développé des activités génératrices de revenu (AGR) au profit des victimes et pour leur autonomisation.

L’ISAD déroule parallèlement des activités inscrites dans le cadre du programme de l’ICBL-CMC, Investing in Action, sous forme de coopération avec des organisations de la Guinée-Bissau. L’objectif est de donner à son action une dimension régionale en vue de faciliter le plaidoyer, la formation, et la collecte de données sur les survivants.

La collaboration des gouvernements avec les organisations locales représentant les communautés touchées, comme l’ISAD, est essentielle à la réussite de la mise en œuvre des normes internationales, qu’il s’agisse du Traité d’interdiction des mines ou de la Convention sur les armes à sous-munitions.

Les communautés touchées sont bien conscientes de la catastrophe humaine, économique, et environnementale que ces armes provoquent sur le long terme. Nous sommes solidaires des survivants et des communautés du Cambodge, de l’Irak, du Laos, et du Vietnam, et dans la trentaine d’autres pays et territoires avec des victimes, et qui souffre terriblement de l’utilisation des armes à sous-munitions. Cet héritage s’est répété plus récemment lors du conflit pour le Haut-Karabagh, en Libye, en Syrie, en Ukraine, et au Yémen, faisant d'innombrables victimes civiles et créant d'énormes défis pour le développement économique et social pour les années à venir.

L'arme a également coûté des vies et réduit les moyens de subsistance plus près de chez nous. Selon les conclusions de l'Observatoire des armes à sous-munitions, au moins 14 nations africaines sont ou ont été touchées par des restes d'armes à sous-munitions.

Les nations africaines ont joué un rôle important dans le processus d'Oslo qui a conduit à l'adoption de la convention interdisant cette arme horrible. Aujourd'hui, nous vous demandons de faire entendre cette voix essentielle pour promouvoir la norme internationale interdisant l'utilisation des armes à sous-munitions, et pour garantir la protection des civils partout et le respect du droit international humanitaire.   

En 2015, à Dubrovnik, en Croatie, les États parties se sont engagés à atteindre l'objectif de 130 membres d'ici 2020. Aujourd'hui, nous sommes malheureusement loin de cet objectif et le nombre s'élève à seulement 110. La ratification par les neuf États africains signataires à la convention—l'Angola, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, Djibouti, le Kenya, le Liberia, le Nigeria, l'Ouganda, et la Tanzanie—permettrait presque d'atteindre cet objectif. Cela enverrait un message clair selon lequel la grande majorité de l'Afrique soutient cette convention protégeant les vies civiles, garantissant les droits humains des survivants, empêchant de futures tragédies humanitaires, et soutenant les moyens de subsistance des communautés. Pour les États non signataires de la convention, leur adhésion est tout aussi essentielle pour sauver des vies, et plus encore pour promouvoir la norme internationale stigmatisant l'utilisation des armes à sous-munitions.

Lorsque les États ne sont pas en mesure d'adhérer immédiatement à la convention, la Coalition sur les armes à sous-munitions recommande la mise en place de mesures intermédiaires. Celles-ci peuvent inclure : la soumission volontaire de rapports de transparence, la destruction des stocks pour les États qui en possèdent, et le déminage et l'assistance aux victimes pour les États directement impactés 

La Coalition sur les armes à sous-munitions, depuis l’adoption de la convention en 2008, a entrepris des actions pour son universalisation au niveau international, à Genève ou à New York, ainsi que main dans la main avec les organisations membres de la coalition au niveau national par le biais du programme Investing in Action, afin de promouvoir la Convention sur les armes à sous-munitions, notamment en Asie et en Afrique subsaharienne.

En tant que membre de la Coalition sur les armes à sous-munitions, nous savons que notre force réside dans notre capacité avérée à nous associer aux États pour relever des défis difficiles. L'utilisation ancienne et nouvelle des armes à sous-munitions est un danger auquel les communautés contaminées par des restes mortels sont confrontées quotidiennement. Nous sommes heureux de prêter notre expertise en matière de recherche et de plaidoyer, ainsi que l'expérience et les connaissances des survivants de ces armes aveugles, à tous les États qui s'efforcent de ratifier, d'adhérer, et de mettre en œuvre la Convention sur les armes à sous-munitions.

Nous sommes prêts à apporter notre aide.

Au nom de la Coalition sur les armes à sous-munitions et des survivants du monde entier, je vous demande instamment de travailler avec vos gouvernements et de faire tous les efforts possibles pour adhérer à la convention dès que possible afin de contribuer à prévenir et à éliminer les souffrances causées par ces armes inhumaines.

 

Merci,

 

English Version

 

Thank you, Mr. President,

And thanks to Switzerland, the United Kingdom and the kind offices of the Governments of Cameroon and Iraq for making this important gathering possible.

Today I am speaking on behalf of the Cluster Munition Coalition, of which my organization, the Solidarity Initiative for African Development (ISAD) is an active member.

As a survivor, of an indiscriminate weapon, I am appalled by the extensive use of cluster munitions we have seen over the last year in Ukraine as well as the terrible legacy of cluster munition use in Iraq, Laos, Syria and in some twenty states and territories contaminated.

We have heard strong condemnations from the international community this past year on the use of cluster munitions by any actor under any circumstances, and calls for an immediate halt to all use of this banned weapon. This speaks to the strength and relevance of the Convention on Cluster Munitions.

The events unfolding today in Europe illustrate that adoption of the Convention on Cluster Munitions is critical to promoting international humanitarian norms and protecting civilian populations anywhere in the world.

This is just as true in Africa as it is elsewhere and universalization of the convention should be more than ever a top priority for African governments. The use of cluster munitions by anyone, anywhere, under any circumstances, is a threat to us all. And cluster munitions never produced, stocks destroyed, and remnants cleared can never kill, or maim another child, sister, son, neighbor. Because, overwhelmingly, these are the victims of these inhumane weapons.

Forty-three African states have signed the convention banning this indiscriminate weapon that kills and maims civilians both at the time of impact and for years after. State Party Cameroon is among those, having ratified the convention in 2012 and then adopting national legislation promoting its aims in 2016. Nearly 20 francophone countries in Africa, including my own country Senegal, have ratified or signed the convention! We applaud this commitment to civilian protection, and we urge all African States to follow this example.

In fact, today there are nine African signatories – three of those francophone - that have yet to ratify the treaty, and we can and must do better.

The initiative last year by the Government of Nigeria to encourage those States not Party to the Convention, to get onboard today is an example of the steps needed to protect and promote convention aims. We are very eager to see follow-up on the statements last year by Nigeria and Liberia, that they are taking immediate steps to ratify the convention, meaning that all of Western Africa will belong to the family of nations committed to eliminating the suffering caused by cluster munitions.

The widespread impact of cluster munition contamination robs communities of the right to life and livelihoods, for generations.

In Senegal—and particularly in Casamance, in the southern part of the country—the scale of the human, economic, social, and environmental catastrophe caused by antipersonnel mines was so devastating that it very early generated among the victims a strong will to organize for their resilience, survival and empowerment. Mines, like remnants of cluster munitions, are indiscriminate weapons and pose the same threat to civilian populations for decades.

Gradually the victims, grouped within the Senegalese Association of Mine Victims (ASVM), now ISAD, and supervised by national and international humanitarian organizations began to carry out awareness-raising actions. This has taken the form, in particular, of mine risk education activities within the communities of the affected areas or in schools, in order to stop or otherwise limit the frequentation of the areas at risk.

Concomitantly with awareness-raising activities with communities, ASVM has undertaken a vast advocacy campaign with state decision-makers, with the Movement of Democratic Forces of Casamance (MFDC), with civil society organizations and international humanitarian organizations, to request together the demining of infected areas and thus promote the return of displaced populations and the resumption of economic activities.

In the wake of ASVM, ISAD then developed income-generating activities (IGA) for the benefit of victims and for their empowerment.

At the same time, ISAD carries out activities within the framework of the ICBL-CMC program, Investing in Action, in the form of cooperation with organizations in Guinea-Bissau. The objective is to give its action a regional dimension in order to facilitate advocacy, training, and the collection of data on survivors.

Government collaboration with local organizations representing affected communities, such as ISAD, is essential to the successful implementation of international standards, whether the Mine Ban Treaty or the Mine Ban Convention. cluster munitions.

We have seen the long-term human, economic and environmental catastrophe where cluster bombs have been extensively used, in Cambodia, Iraq, Laos PDR and Vietnam, as well as in the thirty countries and territories with cluster munition casualties. And this terrible legacy has been repeated more recently during the conflict in Nagorno-Karabakh, in Libya, Syria, Ukraine, and Yemen, claiming countless civilian lives, and creating huge challenges for economic and social development for years to come.

The weapon has claimed lives and livelihoods closer to home as well. At least 14 African nations are or have been impacted by deadly cluster munition remnants according to Cluster Munition Monitor findings.

African nations played an important role in the Oslo Process leading up to adoption of the convention banning this horrible weapon. Today we are calling on you to bring that important voice to bear in promoting the international norm prohibiting use of cluster munitions, and insisting on protection of civilians everywhere and respect for international humanitarian law.   

In 2015, in Dubrovnik, Croatia, States Parties committed to reaching the goal of 130 members by 2020. Today, we are unfortunately far behind that goal and the number stands at 110. Ratification by the nine African signatories to the Convention – Angola, Central African Republic, Democratic Republic of Congo, Djibouti, Kenya, Liberia, Nigeria, Uganda, and Tanzania – would nearly achieve that goal, sending a clear message that the vast majority of Africa stands behind this treaty protecting civilian lives, ensuring the human rights of survivors, preventing future humanitarian tragedies, and supporting community livelihoods. For those states not signatories to the convention, accession to this life-saving treaty is just as critical, and even more to promoting the international norm stigmatizing use of cluster munitions.

Where states are not in a position to immediately join the convention, the Cluster Munition Coalition encourages interim steps. These may include, submission of voluntary transparency reports, for those with stockpiles, destruction of the weapon, and for those states directly impacted, clearance and assistance for victims.

Since the 2008 adoption of the convention, the Cluster Munition Coalition has been undertaking universalization outreach in both Geneva and New York, as well as hand in hand with national member organizations at the national level through the Investing in Action Programme, promoting the Convention on Cluster Munitions particularly in Asia and Sub-Saharan Africa.

As a member of the Cluster Munition Coalition, we know that our strength lies in the proven capacity to partner with states in facing tough challenges. The danger posed by the historic, and reemergent use of cluster munitions, is one that communities contaminated with deadly remnants face on a daily basis. We welcome lending our research and advocacy expertise and the experience and knowledge of survivors of indiscriminate weapons, to any and all states making efforts to ratify, accede, and implement the Convention on Cluster Munitions.

We stand ready to help.

On behalf of the Cluster Munition Coalition and of survivors everywhere, I urge you to work with your governments and make all efforts possible to join the convention as soon as possible to help prevent and eliminate suffering from these inhumane weapons.

Thank you,